Appréhender la notion de santé mentale !

Le terme de « santé mentale » peut être défini de différentes manières. Certaines définitions mettent l’accent sur le bien être psychologique alors que d’autres la voient comme l’absence de troubles psychiques. L’Organisation mondiale de la santé (OMS), par exemple, la définit de la façon suivante : « […] Une bonne santé mentale permet aux individus de sa réaliser, surmonter les tensions normales de la vie, accomplir un travail productif et contribuer à la vie de sa communauté ». 

 

La santé mentale au sein de vos entreprises ! 

En mars 2023, le Cabinet Empreinte Humaine a publié la 11ème édition du baromètre qu’il tient régulièrement depuis 3 ans. Les résultats ne sont toujours pas bons : 44 % des salariés sont dans une situation de "détresse psychologique". Pourtant, 90 % des travailleurs répondent qu'avoir un travail est bon pour la santé mentale, et 80 % aiment leur travail. 

44 % des salariés sont dans une situation de "détresse psychologique". Une proportion toujours aussi élevée, trois ans après le début de la crise sanitaire. Empreinte humaine calcule cet indicateur régulièrement depuis avril 2020.  

"Tant que des actions de fond ne seront pas menées, les conséquences sur l'absentéisme, les arrêts maladie, le turn-over ou le rapport dégradé au travail continueront à être observées dans les prochains mois", prédit Christophe Nguyen, président du cabinet spécialisé dans la prévention des risques psychosociaux. Les trois-quarts des répondants déclarent que "leur état de santé psychologique est lié partiellement ou totalement au travail". 

 

"Plus l'état de santé mentale est affecté, plus le rapport au travail en subit les conséquences", constate Empreinte humaine : 1 salarié sur 2 dit qu'avoir vu un des ses collègues faire un burn-out l'a amené à se poser des questions sur son propre travail, 1 sur 2 se reconnaît dans le "quiet quiting", et 54 % disent moins tolérer le stress professionnel. Pour le cabinet, ces chiffres témoignent d'un "nouveau rapport au travail". Les jeunes (moins de 29 ans), les femmes, et les managers sont les toujours les plus exposés à la détresse psychologique. 

 

« 4 salariés sur 10 indiquent que les exigences de leur travail ont un impact négatif sur leur santé mentale » 

Est-ce que les gens ne veulent-ils plus travailler, ne voient-ils plus que le mauvais côté du travail ? Loin de là. 

90 % répondent qu'avoir un travail est bon pour la santé mentale, 80 % aiment leur travail, notamment car ils continuent à apprendre et voient qu'ils s'améliorent encore. Cependant, 4 salariés sur 10 indiquent que "les exigences de leur travail ont un impact négatif sur leur santé mentale".   

"Les gens savent, commente Christophe Nguyen. Ils savent que le travail est bon pour la santé mentale, mais ils sont déçus par le management, ils ne veulent plus qu'on leur demande un surinvestissement permanent. Ils aiment apprendre, avoir de l'autonomie, être utiles... mais ils le font de moins en moins, à cause des process, reportings, réunions."  

55 % ont l'impression que leur travail n'est qu'une ressource servant investisseurs et actionnaires.   

"Les gens ne veulent pas moins travailler, ils veulent être plus efficaces et travailler mieux, poursuit le psychologue du travail. Entre 75 et 90 % disent que s'ils travaillaient dans un environnement sain, ils pourraient donner plus."  

 

Et de la reconnaissance... 

Les salariés français attendent aussi de la reconnaissance, via leurs salaires et primes, mais pas uniquement. Alors que 40 % se disent "épuisés au travail", 8/10 déclarent être moins fatigués quand ils sont reconnus. "Il faut dire à son collaborateur, lorsqu'il vient d'accomplir une tâche importante, "bravo, c'est bien, j'ai vu ce que tu as fait, à charge de revanche !"", conseille Christophe Nguyen.   

 

Que dit le cadre légal ? 

Selon l'article L. 4121-1 du Code du travail, l'employeur est tenu de prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger la santé physique et mentale de ses salariés. Si la santé physique est appréhendée par les entreprises, on ne peut pas en dire autant de la santé mentale. 

 

Pour rappel, on parle de 12 milliards de journées de travail qui sont perdues chaque année pour cause de dépression ou d’'anxiété. 

 

L’OMS de son côté, a rédigé une note d’information pour présenter les objectifs fixés sur le sujet : 

  • « prévenir les problèmes de santé mentale liés au travail, grâce à une gestion et une prévention des risques psychosociaux qui comprend des changements organisationnels pour agir sur les conditions de travail, la culture et les relations entre travailleurs ; 

  • protéger et promouvoir la santé mentale au travail, en particulier par le biais de formations qui améliorent les connaissances en matière de santé mentale, renforcent les compétences nécessaires pour reconnaître et agir sur les conditions de santé mentale au travail, et donnent aux travailleurs les moyens de demander de l'aide ; 

  • aider les travailleurs ayant des problèmes de santé mentale à participer pleinement et équitablement au travail grâce à des aménagements raisonnables, des programmes de retour au travail et des initiatives d'emploi aidé. 

 

 

Quelques recommandations… 

Dans le cadre de la prévention des problèmes de santé mentale, l’Organisation Internationale du Travail (OIT) dresse une liste (non-exhaustive) de quelques exemples à suivre en entreprise : 

  •  Reconnaître et répondre de manière appropriée aux travailleurs en détresse émotionnelle ; 

  • Utiliser des compétences dans les relations interpersonnelle comme la communication ouverte et l'écoute active ; 

  • Promouvoir une culture de travail inclusive et solidaire ; 

  • Plaider en faveur d'une action sur la santé mentale au travail de haut en bas ; 

  • Comprendre comment les risques psychosociaux peuvent affecter la santé mentale et savoir comment les prévenir et les contrôler.