Le styrène, un classique de l'industrie du composite à manipuler avec précaution

Le styrène est un hydrocarbure aromatique, liquide à température ambiante, volatil, inflammable et dangereux pour la santé. Il agit comme réactif essentiel au durcissement et à la mise en forme des résines polyesters. Il leur donne une viscosité suffisamment faible pour faciliter leur mise en oeuvre ; ainsi le styrène permet la fluidification des gelcoats.

Les domaines d'activités et procédés émissifs

Le styrène est largement utilisé pour la fabrication de pièces en polyester stratifié (piscines, coques de bateau, pales d’éoliennes, nez de TGV, bus etc.). Les phases de fabrication seront des sources plus ou moins importantes d’émission de styrène, on peut distinguer :

  • les émissions dynamiques : pendant la projection, l’imprégnation du rouleau etc.
  • les émissions statiques : pendant les phases de repos, de polymérisation etc.

Parmi les émissions dynamiques, les procédés en moules ouverts (gelcoatage par pulvérisation manuelle ou robotisée, moulage au contact ou par projection simultanée), seront bien plus émissifs que les procédés en moules fermés (infusion, moulage sous vide, RTM etc.).

Enfin, outre les procédés, l’émission de styrène dépend de plusieurs autres paramètres :

  • la teneur initiale de la résine en styrène (classiquement 30 à 45% en poids de styrène),
  • la nature de la résine dont la réactivité varie avec son taux d’insaturation,
  • les conditions ambiantes de températures et d’hygrométrie etc.

Quels sont les effets du styrène sur la santé humaine ?

Sous sa forme liquide, le styrène sera absorbé par voie cutanée, les intoxications par voie orale étant accidentelles. Mais, dans le milieu industriel, c’est essentiellement sous forme de vapeurs et donc par inhalation, que le styrène pénétrera dans l’organisme.

Le styrène est classé en catégorie 2B « cancérogène possible » par le centre international pour la recherche contre le cancer. Les données actuelles ne permettent pas de conclure à l’absence ou à la présence d’un effet cancérogène mais de forts soupçons demeurent notamment pour des cas de leucémie ou de lymphome.

750-500-laboratoire Par ailleurs, le styrène est considéré en Europe comme « nocif par inhalation », « irritant pour les yeux et la peau » et « reprotoxique » de catégorie 2. L’exposition au styrène peut causer, en toxicité aigüe, des syndromes ébrieux (céphalées, somnolence, problème de mémorisation, etc.). L’exposition au styrène peut également occasionner des troubles chroniques : une perte d’audition, des troubles digestifs et respiratoires, des conjonctivites ou des dermatoses. Ces différents syndromes sont susceptibles d’être reconnus au titre de maladies professionnelles notamment classées aux tableaux 66 ou 84.

Un risque accru d'incendie

Les liquides et les vapeurs de styrène sont inflammables (point éclair 31°C). La réaction de durcissement est exothermique, ce qui favorise l’évaporation du styrène, il est donc primordial d’éviter toute source d’ignition et étincelles à proximité. Des précautions de stockage sont aussi à respecter : compatibilité de stockage des produits, choix de récipients de stockage en fer galvanisé, acier ou aluminium.

Quels moyens de prévention et de protection face au styrène ?

Actuellement, pour la plupart des applications, il n’existe que peu ou pas de substituts au styrène moins toxiques et suffisamment efficaces pour répondre à l’ensemble des contraintes techniques et économiques. On peut citer le BDDMA (butane diol diméthacrylate) mais les risques d’allergies respiratoires et cutanées demeurent.

Dans ce cas-là, le premier principe de prévention consiste à limiter l’exposition des salariés par l’utilisation de résines à faible émission ou à faible concentration (contenant 8% maximum en poids), l’idéal étant d’employer une résine combinant ces deux caractéristiques. En revanche, il n’existe pas, pour des questions d’adhérence, de gelcoat à faible émission, uniquement à faible teneur.

On peut agir ensuite sur le choix du procédé en lui-même : moules fermés, automatisation de certains procédés (projection simultanée, usinage, ébullage), utilisation de buses à jets convergents pour la pulvérisation du gelcoat, outils aspirants pour les opérations de finition.

L’organisation du travail doit aussi être revue. Pour cela, les phases à risque d’exposition sont isolées des autres parties de l’atelier.

Des moyens de protection collective adaptés sont à privilégier : cabines ventilées (notamment pour les procédés en moules ouverts), solutions de captage le plus proche possible de la source d’émission. Un dossier de l’INRS a été rédigé sur ce thème "Polyesters stratifiés - guide pratique de ventilation - ED 665".

Pour les risques d’exposition directe persistants (opérations manuelles notamment), on doit s’assurer de la fourniture et du port des équipements de protection individuelle adaptés.
 

" Enfin, il convient d’informer les salariés sur les risques liés à l’emploi du styrène, les former sur l’utilisation des moyens de prévention et, si nécessaire, assurer une surveillance médicale biologique des salariés les plus exposés. "
 

Nous vous conseillons de vous rapprocher de votre Carsat qui met à disposition des outils pratiques : fiches de postes, supports de formation, retours d’expérience. Vous pouvez également consulter les différentes ressources documentaires sur ce thème sur le site inrs.fr.

L’équipe du service SSE de Polyvia se tient bien sûr à votre disposition pour toutes vos questions et Via Industries vous propose une formation « Prévenir les risques liés à l’utilisation du styrène dans la transformation du polyester ».

Réglementation de la VLEP

Dans un avis publié en 2010, l'ANSES recommandait d'abaisser la VLEP (Valeur Limite d'Exposition Professionnelle) pour le styrène de deux fois la valeur indicative en vigueur. Ces valeurs ont été adoptées par le législateur via l'arrêté du 23 mars 2016 et le décret n°2016-344 :

  • Une VLEP 8h de 100mg/m3 dans l'objectif de prévenir d'éventuels effets neurotoxiques.
  • Une valeur limite court terme sur 15 minutes à 200mg/m3 pour éviter les pics d'exposition susceptibles d'induire une irritation du système respiratoire.

Depuis 2019, la VLEP indicative du styrène est devenue une VLEP contraignante.