Donnons du sens au travail

Un article de Laura Soligny, Conseil en Développement des Compétences, Via Industries

 

Une étude de l’observatoire Société et consommation de mai 2021 estime qu’après la crise sanitaire, près de 2,6 millions de français ont décidé de changer de travail ou d’orientation professionnelle et que près de 8 millions d’entre eux souhaitent consommer autrement : n’acheter que le minimum ou changer leur façon de s’alimenter. Les enjeux environnementaux mais aussi la transformation des conditions de travail en raison du contexte pandémique ont ainsi amené plusieurs collaborateurs à réfléchir au sens qu’ils donnent à leur travail. Même si cette réalité n’est peut-être pas celle de l’ensemble des collaborateurs, elle émerge notamment au sein des jeunes générations. A titre d’exemple, plus de 30 000 étudiants ont signé un manifeste pour un réveil écologique afin d’interpeller les entreprises ou les institutions publiques à modifier leurs comportements. Cette démarche est allée jusqu’à mettre à disposition un MOOC « Comprendre la crise pour réinventer l’entreprise » ainsi que des outils de questionnement sur le choix d’un poste en ligne avec les convictions écologiques des candidats.

Le sens, pourquoi ?

Selon une étude Deloitte de décembre 2017, le sens peut être défini « comme un élément essentiel du travail, une pratique managériale, une visée institutionnelle. Le sens serait alors compris comme une direction, une finalité, une vision. Pour d’autres, le sens serait un processus individuel, voire intime, auquel l’organisation n’aurait pas accès au-delà de l’organisation du travail, puisqu’il serait subjectivement associé à la trajectoire professionnelle, l’histoire familiale, l’environnement social ... ».

La quête de sens est ainsi un sujet social, à la fois individuel et collectif. Le travail ayant une place centrale dans notre société, il est logique que cette quête de sens impacte les entreprises. Ce sujet d’actualité peut ainsi être relié à plusieurs dimensions RH que sont l’attractivité, la qualité de vie au travail mais aussi la prévention des risques psychosociaux.

Selon cette même étude, 29% des répondants indiquent que le sens au travail est relié à l’activité réelle quotidienne, 26% aux valeurs de l’organisation, 26% à la coopération, au travail d’équipe. L’étude met d’ailleurs en avant des situations concrètes qui contribuent à la construction de sens au travail parmi lesquelles des situations courantes : « apprendre de nouvelles choses pour un dossier spécifique, montrer à des collègues comment faire, être remercié régulièrement pour ce que l’on a fait de bien » ...

La quête de sens

La quête de sens va au-delà des facteurs de motivation et des besoins d’utilité, d’apprentissage, de développement, d’autonomie, de relations sociales… et peut aller jusqu’au respect de certaines valeurs de travail bien fait, d’équité, d’éthique, de confiance, de transparence ou à la contribution à quelque chose de plus grand que soi, le « pour quoi » et non plus le « comment ». La perte de sens au travail peut d’ailleurs amener à une baisse de motivation, une production ralentie voire à des absences et porte le nom de « brown out ». Cette perte de sens peut être liée à plusieurs facteurs ; changement dans la vie personnelle, changement dans la vie professionnelle (changement de poste, d’équipe, de manager, de direction d’entreprise…), changement dans les missions (perte de valeur ajoutée liée aux évolutions technologiques et développement de l’intelligence artificielle, tâches répétitives…).

Pour retrouver ce sens, fédérer les collaborateurs autour de ses projets et développer l’engagement et la motivation, l’entreprise dispose de plusieurs options : développer les compétences de ses managers, de ses collaborateurs mais également clarifier les rôles et responsabilités de chacun, réduire les strates hiérarchiques et responsabiliser les collaborateurs, communiquer plus directement, travailler sur ses valeurs et son identité, sur sa raison d’être. Plus largement, ce travail pourra ensuite être intégré dans une démarche de marque employeur afin de motiver, fidéliser et attirer. Attention toutefois, cette démarche doit être « congruente », c’est-à-dire : faire ce que l’on dit et dire ce que l’on fait.

Le sens par la RSE

La loi Pacte (Plan d'action pour la croissance et la transformation des entreprises) adoptée en 2019 a permis de proposer un cadre juridique à la recherche de sens en lien avec les enjeux sociétaux. Elle modifie l’article 1833 du code civil et stipule que « la société est gérée dans son intérêt social, en prenant en considération les enjeux sociaux et environnementaux de son activité ». La loi propose également aux entreprises d’inclure leur raison d’être dans leurs statuts : à quoi sert l’entreprise ? Quelle est sa mission dans la société ? Comment contribue- t-elle à la transition écologique par exemple ?

Ainsi, par conviction, ou contraintes par leurs clients, certaines entreprises mettent en place une politique RSE : responsabilité sociale (ou sociétale) de l’entreprise. Il s’agit pour l’entreprise de s’engager sur des thématiques sociales (ou sociétales). La norme ISO 26000 liste 7 « questions centrales » dont les relations et les conditions de travail. Ce point cible des actions en faveur du dialogue social, de la relation employeur/ employé, de la santé, de la sécurité et du développement du capital humain mais cela peut également se traduire par des démarches en faveur de la diversité, de l’insertion, de l’inclusion… La RSE n’est pas réservée qu’aux grands groupes. Une PME peut même avoir plus de facilités à mettre en place cette démarche car les décisions prises par la direction s’appliquent généralement dans un schéma et des délais plus courts. Il est d’ailleurs recommandé de commencer petit, en impliquant les collaborateurs, par des actions en lien avec les convictions de l’entreprise : implication locale, partenariats, engagements sociaux et associatifs… Certaines entreprises font d’ailleurs de la RSE sans le savoir. Bien communiquée, cette démarche pourra permettre de vous différencier pour ce que vous êtes auprès de vos collaborateurs, partenaires, clients, prestataires… et ainsi d’attirer et de fidéliser les profils qui vous ressemblent !

 

En savoir plus, contactez :

Matthieu Collardey Chef de projet RSE – Via Industries // mail : m.collardey@polyvia.fr  ou  tél : +33 6 23 68 78 37