Accompagner les aidants et la santé au travail

La question de la santé ne cesse de s’intégrer dans le quotidien des entreprises et encore davantage depuis le Covid. Plus largement, le vieillissement de la population et le recul de l’âge de départ à la retraite interrogent sur le maintien dans l’emploi, sur la vie personnelle et professionnelle que nous souhaitons (notamment lorsque l’on estime que l’espérance de vie en bonne santé se situe autour de 64 ans pour les femmes et 63 ans pour les hommes) et sur l’accompagnement des aidants. Cette question de la santé devient donc un enjeu de responsabilité et peut être intégrée dans une démarche de qualité de vie au travail ou de RSE.

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Être aidant, qu'est-ce que c'est ?

Être aidant, c’est soutenir un proche, en raison de son état de santé, plusieurs heures par semaines. On estime que 2/3 des aidants sont des femmes et qu’en 2030, un actif sur 4 sera aidant. Même sans le vivre, il est possible d’imaginer la charge mentale et les contraintes d’organisation que peuvent impliquer ce rôle d’aidant et ainsi la fatigue qui peut être ressentie en jonglant entre ses différentes vies.

Selon l’étude « Salariés aidants, inclusion professionnelle et management de l’aidance » réalisée en 2020 82% des aidants disent avoir acquis de nouvelles compétences comme l’adaptation au changement, une meilleure gestion des priorités, l’empathie vis-à-vis des collègues, l’apprentissage des gestes de premiers secours, l’organisation de son temps, la résolution de problèmes complexes, la capacité à travailler avec les autres, la maîtrise des équipements et des technologies... : autant de compétences valorisables et transférables en entreprise.

La loi prévoit des dispositifs qui ont été détaillés dans l’article juridique. Mais l’accompagnement des aidants peut prendre plusieurs formes. Comme pour le handicap, il est tout d’abord important d’ouvrir le sujet et de créer des occasions de l’aborder. Les leviers d’accompagnement peuvent être financiers, organisationnels ou prendre la forme de services parmi lesquels :

  • La mise en place de dons de jours ou d’un fond de solidarité.
  • La flexibilité d’organisation de son temps de travail (flexibilité horaire, télétravail accru, congés supplémentaires, temps partiel aménagé...).
  • Le financement de congés d’aidants, le maintien partiel de salaire...
  • La proposition de services comme des chèques emploi service, des séjours de « répit », une conciergerie.
  • Un accompagnement par des plateformes spécialisées ou des assistants sociaux.
  • La négociation de prestations de mutuelle et de prévoyance.
  • Encourager la reconnaissance et la valorisation des compétences développées en tant qu’aidant.

 

La branche de la Plasturgie a conclu un accord en 2017 relatif au développement de don de jours pour les aidants.

 

 

Accompagner la santé en entreprise

Il est également possible d’accompagner la santé au sein de son entreprise, par des actions de prévention et d’amélioration des conditions de travail.

Nous pouvons imaginer des référents santé au travail, la prise en charge de certaines cotisations, notamment vieillesse pour faciliter les temps partiels en fin de carrière ou à certains moments de la vie...

Lorsque la longue maladie survient au cours du contrat de travail (maladie invalidante, cancer, diabète...), il est important de faire preuve de bienveillance et de s’adapter au souhait de la personne concernée, en essayant autant que possible de maintenir un lien, quitte à ce que la fréquence de contact soit convenue d’un commun accord. Il est d’ailleurs possible que ce soit la personne malade qui désigne par qui elle souhaite être contactée.

Plus le lien est maintenu régulièrement, plus la reprise pourra être appréhendée sereinement par les 2 parties, sans oublier d’impliquer les centres de santé au travail. Il est enfin primordial d’anticiper et de préparer le mieux possible le retour du salarié malade en lui proposant notamment un entretien de retour. Pour rappel, l’entretien professionnel doit d’ailleurs être proposé après toute absence de longue durée (supérieure à 4 mois). Depuis le 1er janvier 2019, cet entretien pourra avoir lieu, à l'initiative du salarié, à une date antérieure à la reprise de poste.

La question de la santé touche nécessairement les sphères personnelle et professionnelle du salarié. Il est donc important de veiller au respect de cette frontière et d’impliquer la médecine du travail dès lors qu’il s’agit d’une question de santé. La question de la santé au travail s’évoque surtout autour des salariés mais tout le monde est concerné, y compris les dirigeants, ne l’oublions pas.

La plupart de ces pratiques se font naturellement au sein d’équipes ou d’entreprises à taille humaine car au-delà des situations personnelles et de la santé, il s’agit avant tout d’histoires de collègues, d’hommes et de femmes. En prenant en compte la réalité du quotidien, telle qu’elle peut exister en dehors du travail, en formalisant davantage vos engagements en termes de santé au travail et d’accompagnement des aidants, en mesurant leur efficacité et en assurant leur suivi dans le temps, l’entreprise remet simplement l’humain au cœur de son organisation et pourra ainsi se différencier auprès de candidats ayant les mêmes valeurs et développer l’engagement de ses collaborateurs internes.