Rencontre avec Mathieu Peraud, directeur du développement de Via industries et délégué général de l’UIMM 35-56

mathieu peraudVous êtes Délégué général de l’UIMM 35-56, comment nous présenteriez-vous votre organisation en quelques mots ?

Syndicat professionnel de la métallurgie de l’Ille et Vilaine et du Morbihan, qui regroupe 310 entreprises adhérentes, soit 83% des salariés relevant de notre convention collective.

Cela représente 30 000 emplois directs pour les deux départements. 75% de nos entreprises adhérentes comptent moins de 50 salariés. Notre ADN, notre vision stratégique est d’agir pour le développement responsable des entreprises et de faciliter leur quotidien.

 

Pouvez-vous donner les enjeux à moyen terme pour votre profession ?

A court terme, nous souhaitons accélérer la concrétisation du plan de relance qui suscite un engouement très fort. Mais nous craignons qu’il y ait assez peu d’élus avec des enveloppes qui risquent de ne pas être suffisantes.

Notre deuxième enjeu à moyen terme est de faire rebondir l’industrie française qui ne représente plus que 12% dans le PIB. Il faut donner l’envie d’industrie. Ce sont des millions d’emplois dans les territoires qui ne sont pas concentrés dans les grandes agglomérations. Nous travaillons avec les organisations de salariés (CFDT, FO et CFE CGC) avec qui nous avons signé un manifeste commun : pour la baisse cruciale des impôts de production, pour renforcer les fonds propres des PME et pour les transitions professionnelles et la pérennité des compétences.

Notre troisième enjeu est d’accompagner la transition énergétique et numérique.

Notre quatrième enjeu concerne l’attractivité de l’industrie et de ses métiers. En Bretagne, nous sommes en avance sur l’interindustriel depuis 15 ans. Cela nous a permis de créer AJIR Bretagne, une association régionale avec toutes les fédérations industrielles.

Notre cinquième enjeu est la formation des salariés et la préservation des compétences dans les entreprises. En 2008, nous avions perdu des compétences. Cela avait freiné la reprise. Si nous n’anticipons pas, quand cela va repartir, nous allons devoir mettre en place des dispositifs de formation longue. Il nous incombe d’anticiper les ruptures professionnelles.

 

Vous avez des liens historiques privilégiés avec la plasturgie et Plasti Ouest, comment cette proximité s’est-elle construite ?

En effet nos liens sont forts. Plasti Ouest (Groupement des industriels de la plasturgie et des composites dans l’ouest de la France) a été créé en 1982 par des chefs d’entreprise qui appartenaient aussi à la métallurgie. La mutualisation des ressources et des expertises a toujours été dans notre ADN sur notre plateforme de Rennes. Cela s’est concrétisé par la création de l’ASP (un groupement de moyens réunissant 8 syndicats industriels membres). Aujourd’hui ce sont la métallurgie et la plasturgie qui restent unies.

Notre vision est de disposer d’une association pour concrétiser notre unité patronale en mutualisant nos expertises. Ainsi notre pôle patronal uni est reconnu par les Medef : nous proposons ensemble des mandataires, faisons du lobbying sur le grand ouest et travaillons à des schémas de développement économique en interindustriel et pas seulement en interprofessionnel pour proposer des programmes d’accompagnement.

RESO Industrie a été créé en 1989 pour prolonger l’activité syndicale : une structure de services qui propose des prestations notamment dans le domaine des formations juridiques. A partir de 2013, nous nous sommes développés sur le champ de la SSE (Santé, sécurité, environnement). En 2014 nous avons développé une offre plus structurante autour de la formation et du conseil et avons connu une croissance très importante de nos activités en 5 ans : ingénierie, certification, prestations individualisées sur les RH et un du conseil en performance industrielle et transformation des entreprises.

 

Pourquoi avez-vous choisi de poursuivre cette association au sein de Via Industries ?

 Avec le nouveau syndicat Polyvia et Via Industries, nous continuons à bénéficier d’une plateforme commune pour répondre aux besoins en proximité des entreprises et nous pensons que l’inter-industrie va devenir une réalité. L’industrie est redevenue un défi pour la France, nous aurons besoin de la développer et d’organisations professionnelles qui soient unies. C’est pourquoi il est essentiel d’avoir des services de proximité en interindustriel avec des spécificités de branches ou de filières. Je suis pour ma part impliqué dans la gestion opérationnelle de Via Industries en tant que Directeur du développement et trois administrateurs sur 12 sont issus de la métallurgie.

 

Quelles sont selon vous les attentes des entreprises vis-à-vis de Via Industries et les priorités pour 2021 ?

Pour la métallurgie, nous souhaitons assurer la continuité de l’activité qu’assurait RESO Industries avec la qualité de service existante.

Nous allons aussi apporter du conseil sur des nouveaux domaines : le développement des compétences avec les projets de formation interne (nouveaux métiers, préservation des compétences). Dans certains métiers très spécifiques à travers la formation interne dans beaucoup de PME il y a des choses à faire avec la formation en situation de travail (Afest) ou des écoles de formation interne. Nous avons mené des opérations pilote dans la métallurgie et ça marche !

La structuration des fonctions RH et SSE dans les entreprises pour faire de la performance sociale est aussi un axe prioritaire. Au niveau juridique et RH, nous allons voir arriver les problèmes avec les nouvelles formes de travail, les aménagements du temps de travail et le télétravail. C’est aussi un enjeu en matière de management. Le conseil pour le développement des entreprises en lien avec la crise : repositionnement stratégique, financement, investissement sera également un axe important. Nous proposerons via des consultants et des partenaires d’aborder aussi ces sujets avec les entreprises.

S’agissant de la RSE, nous pensons que les PME doivent en faire un levier d’opportunité et de développement. La RSE ce ne sont pas seulement des contraintes et des coûts. Souvent les PME y vont un peu à reculons car la dimension normative prévaut. Il s’agit en fait d’une approche très transversale et pouvant être orientée business.